Écolos dans les arbres, Verts dans les urnes : Quand l’activisme écologique rencontre la politique institutionnelle

Face à l’urgence climatique, la désobéissance civile prend de l’ampleur comme mode d’action incontournable pour défendre des causes écologiques. Pour beaucoup de militants, elle apparaît comme une réponse légitime à l’inaction politique. Entre actions coups de poing et engagement institutionnel, les luttes communes se multiplient entre collectifs et partis politiques. Officiellement, Les Écologistes soutiennent les actions non-violentes tout en posant leurs limites. Dans les Hauts-de-France, la contestation du projet du Canal Seine-Nord Europe cristallise cette convergence entre activisme et écologie politique.

Manifestation contre le Canal Seine Nord Europe devant le Conseil Régional Hauts-de-France

Banderoles bariolées des Soulèvements de la Terre, drapeaux rouges de la CGT, logos jaunes de la confédération paysanne et écharpes tricolores se sont rejoints, fumigènes à la main, le 21 mars 2025, devant le conseil régional des Hauts-de-France. Une cinquantaine de manifestants scandent « Le canal sera la prochaine A69 ! ». À l’intérieur du bâtiment, une motion demandant l’arrêt du Canal Seine-Nord Europe (CSNE) est en discussion, soutenue par le groupe minoritaire « Pour le climat et pour l’emploi », composé d’élus Les Écologistes et La France Insoumise (LFI). Cette scène, incarne une écologie qui se bat sur plusieurs fronts, sur le terrain avec des actions chocs et dans les urnes via les institutions. Des manifestations médiatiques de Sainte-Soline et de l’A69 aux mobilisations locales moins connues, ce mélange d’élus et d’activistes se retrouvent partout sur le territoire.

Parmi les formes d’engagement qui émergent ou se renforcent dans ce paysage, la désobéissance civile occupe une place centrale. Définie par la politologue Sylvie Ollitrault comme “une action collective non-violente qui transgresse les lois”. Elle s’est imposée comme un mode d’action de plus en plus visible et incontournable au sein du militantisme écologique. La chercheuse au CNRS souligne que, pour l’écologie, il s’agit souvent d’une forme de “désobéissance civile indirecte”, visant principalement à interpeller l’opinion publique et non à dénoncer une loi directement. Ce mode d’action a longtemps été présent en arrière-plan des luttes écologistes, “Parmi les écologistes, il y a toujours eu de la désobéissance civile, notamment du côté des luttes paysannes, comme celles de la Confédération paysanne avec le démontage du McDonald’s de Millau en 1999” , rappelle la chercheuse. Depuis la fin des années 2010, la désobéissance civile a gagné en visibilité jusqu’à devenir une modalité d’action centrale dans les luttes écologistes. Le développement de ce mode d’action, ces dernières années, s’explique notamment par l’émergence de la “génération climat”. Inspirée par les grèves scolaires pour le climat initiées par Greta Thunberg en 2018, toute une jeunesse militante est apparue.

Loin d’être une nouveauté, cette proximité entre Les Écologistes et les collectifs militants s’explique en partie par la porosité entre ces deux milieux. “Historiquement, une grande partie des cadres et élus du parti écologiste sont issus du tissu associatif ou militant, ce qui crée une proximité avec les causes portées par les collectifs de désobéissance civile”, souligne Sylvie Ollitrault. 

L’une des figures écologistes les plus connues, l’ancien candidat à la présidentielle, Yannick Jadot a ainsi travaillé de 2002 à 2008 à Greenpeace. L’ONG était alors bien plus radicale qu’aujourd’hui. Le sénateur de Paris s’était distingué par plusieurs actions illégales, dont la tentative d’intrusion dans une zone militaire maritime pour dénoncer la possession d’armes nucléaires. Son escapade à haut risque lui avait alors coûté 2 000 € d’amende et deux mois de prison avec sursis comme le raconte le JDD. Le parcours local de Benjamin Badouard à Lyon est tout aussi révélateur de la perméabilité de ces milieux. Co-président du groupe métropolitain Les Écologistes, il a cofondé en 2017 le collectif apartisan “Plein la vue”, contre la publicité. Époque où il était déjà adhérent chez Les Verts, et même salarié du parti. Mais cette proximité est aussi à nuancer comme le souligne Adrien Bidaud-Bonod, doctorant en science politique qui achève sa thèse sur “les relations entre partis, élu·es et militant·es de la cause écologique à Lyon et Valenciennes”. Selon lui, les profils ainsi enrôlés sont surtout issus d’associations expertes – mobilité, énergie, déchets – plus que de collectifs contestataires comme Alternatiba (devenu Action Justice Climat Lyon). “Ce qui est frappant, c’est que ces élus ont souvent une forte compétence technique et une familiarité avec les codes de la politique institutionnelle, acquise au fil de leurs engagements associatifs et professionnels. Ce ne sont pas des figures de la désobéissance civile.”  Le parti puise dans le tissu militant… sans forcément intégrer ses composantes les plus radicales.

Col roulé blanc, lunettes rondes à monture dorée, Axel Harbonnier, co-secrétaire des Jeunes Écologistes du Nord–Pas-de-Calais, s’active discrètement derrière un buffet, entre deux verres de jus de fruit à servir. L’étudiant en science politique, à l’allure studieuse, est radieux ce soir-là. La conférence qu’il a aidé à organiser à Science Po Lille, a fait carton plein. En apparence timide, il n’en reste pas moins un militant engagé, présent sur toutes les manifestations du parti : 1er mai, fête de la soupe, marche contre l’extrême droite. Il est de tous les combats dans la métropole lilloise pour faire connaître son parti. Pour lui, les collectifs ont toutes leurs places dans le militantisme écologique. Il a un attachement particulier pour les Soulèvements de la Terre : “Je ne fais pas partie du collectif, mais je le soutiens totalement. Leur combat contre les méga-bassines et les grands projets inutiles comme l’A69 me paraît juste.” Sur son compte Instagram, il affiche leur logo dans sa biographie. “C’est une manière de montrer que les partis politiques ne sont pas en opposition avec ces formes d’action, au contraire.” Plusieurs de ces amis, militant au parti sont d’ailleurs engagés dans ces collectifs “Je ne trouve pas que c’est incompatible de s’engager dans un parti politique et dans un collectif en même temps, au fond, c’est les mêmes combats avec de moyens d’actions différents”, martèle l’étudiant. 

Axel Harbonnier, à la manifestation du 1er mai, crédit @lilledemain

Au niveau national, Aminata Niakaté, récemment réélue porte-parole des Écologistes, le rejoint : “Le parti est très bienveillant à l’égard des collectifs et défend le principe de désobéissance civile. C’est un moyen d’expression pour faire passer un message politique, quand les canaux classiques échouent à se faire entendre.” La juriste de profession ajoute : “La désobéissance civile permet de déplacer la fenêtre d’Overton”. Ce concept désigne les idées autrefois considérées comme marginales, mais qui, par l’action et le débat, deviennent acceptables dans l’espace politique. “Les activistes permettent de mettre à l’agenda des sujets importants. Ensuite, c’est à nous de les traduire en politiques publiques”, renchérit la porte-parole. “Les Écologistes (EELV) et les collectifs de désobéissance civile sont complémentaires”, résume Sylvie Ollitrault.

Ce lien ne tient pas seulement à une culture commune. Il est aussi, pour le parti, une nécessité stratégique. En dépit d’une visibilité médiatique accrue, la formation reste numériquement faible : moins de 15 000 adhérents à l’échelle nationale, et une base militante peu implantée dans de nombreux territoires. L’élection interne de Marine Tondelier à la tête du parti, en avril, n’a mobilisé que 6 702 votants.Dans ce contexte, les Écologistes ne peuvent se passer du soutien des mouvements sociaux pour peser politiquement. Les collectifs radicaux apparaissent comme des relais pour mobiliser, relayer des campagnes, toucher de nouvelles générations politisées par l’urgence écologique. “le multi-positionnement des adhérents du parti, qui peuvent militer en parallèle à l’intérieur d’associations environnementales diverses et variées, reste pour ce dernier le principal moyen de maintenir un lien, qui demeure fragile, avec le tissu militant écologiste et les revendications qui en émanent”, explique Adrien Bidaud-Bonod. Le parti se revendique même comme “le premier soutien des collectifs non-violents”, selon Aminata Niakaté.

En 2020, c’est un raz-de-marée écologiste qui débarque pour les élections municipales. Les Verts ont conquis plusieurs grandes villes : Lyon, Bordeaux, Strasbourg, Besançon, Tours, Poitiers. Des bastions longtemps verrouillés par les partis traditionnels. Cette victoire électorale s’inscrit dans la lignée des marches pour le climat de 2019. Surfant sur l’intérêt pour ces mobilisations, le parti s’est appuyé sur les revendications portées par des luttes écologistes locales pour s’imposer en seuls véritables représentants de l’écologie politique. Dans la capitale des Gaules, le parti a ainsi fait sa campagne localement autour d’un slogan évocateur, celui du “dernier mandat pour le climat”. Mais une fois élus, les écologistes ont-ils vraiment appliqué les revendications des collectifs ?
“La campagne lyonnaise s’est construite sur les mobilisations locales”, explique Adrien Bidaud-Bonod. « Le rejet de l’Anneau des sciences [autoroute urbaine], la lutte contre la publicité, la promotion du vélo : ces thématiques ont été reprises dans le programme.” Mais ce n’est pas un simple copier-coller. Les écologistes ont reformulé ces revendications avec pragmatisme pour les appliquer. Exemple : le collectif Plein la vue réclamait un encadrement strict de la publicité. Une fois élus, les Verts ont créé une délégation inédite à la “réduction publicitaire”.
À l’échelle nationale, une étude de la Fondation de l’écologie politique et de la Heinrich-Böll Stiftung dresse un premier bilan positif. Sur 239 engagements dans dix grandes villes écologistes entre 2020 et 2023, 31 % ont été tenus, 41 % sont en cours, moins de 7 % abandonnés. Les Verts ont impulsé des changements sur les mobilités douces, la végétalisation ou l’alimentation. Mais ils se heurtent aux rapports de force dans les métropoles et à la lenteur d’autres institutions.

Le gymnase de la place Sébastopol, à Lille, s’était paré de vert pour l’occasion. Une semaine avant l’élection de la nouvelle direction du parti, la salle, habituellement dédiée au sport, avait été réquisitionnée pour accueillir le congrès décentralisé des Écologistes. Partout, des drapeaux EELV flottaient, mêlant le vert militant au jaune des traditionnels tournesols. C’est dans ce décor improvisé de débat politique, que Katy Vuylsteker, conseillère régionale des Hauts-de-France, confie son attachement aux collectifs de désobéissance civile : “J’étais présente à la dernière réunion publique des Soulèvements de la Terre, et aussi au rassemblement devant le conseil régional”, glisse-t-elle, souriante. Un engagement assumé. Pourtant, quand il s’agit de franchir certaines lignes, la prudence reprend le dessus. “Soutenir des activistes devant la justice, ce n’est pas mon rôle”, tranche-t-elle. Contrairement à d’autres élus du parti, elle choisit de garder ses distances avec les procédures judiciaires qui peuvent suivre les actions.
Cette réserve illustre un dilemme plus large au sein du parti. Jusqu’où aller dans le soutien à la désobéissance civile ? Aminata Niakaté précise une limite au soutien de cette désobéissance “Elle doit se faire à visage découvert en assumant sa responsabilité”. La porte-parole revient notamment sur la dégradation de bien tels que le jet de soupe sur les tableaux qu’elle affirme ne pas condamner puisque que “ce sont des actions plus symboliques que préjudiciables”. Mais un type d’action est non négociable : “La violence contre les personnes est une ligne rouge à ne pas franchir” , insiste-t-elle d’un ton grave. Certaines actions violentes, notamment lors de manifestations, “jettent du discrédit auprès de l’opinion publique”, regrette la porte-parole. Elle pointe du doigt, la responsabilité des “black blocs” dans cette image négative. “Pour le parti, ça nuit à ce qu’on défend.”
En dehors du cadre moral, se pose la stratégie électorale du parti. A partir de quelle limite un soutien devient plus nuisible que bénéfique ? Une adhésion à une action trop radicale, peut-elle empêcher l’institutionnalisation du parti ?
“Pour les partis qui veulent gouverner et être entendus par l’ensemble de la population, il devient assez compliqué de soutenir des modes d’action très radicaux, perçus comme intimidants. Le soutien à des actions illégales expose les élus à des critiques de la part de l’opposition politique, qui peut chercher à criminaliser les militants et les traiter d’éco-terroristes” observe Sylvie Ollitrault. Un équilibre difficile à tenir, comme l’a montré l’exemple lyonnais. À la suite des blocages autoroutiers menés par Dernière Rénovation, les exécutifs écologistes de Lyon ont dû jongler entre condamnation publique du mode d’action et soutien aux revendications. Le maire, Grégory Doucet, plus proche des milieux militants, s’est montré plus compréhensif que Bruno Bernard, président de la Métropole, à la ligne plus modérée.

Mobilisation à Compiègne pendant la « fête de l’eau »

Sous un soleil éclatant, Compiègne a vibré au rythme d’une mobilisation inédite ce 17 mai, premier jour des quatre journées de la “fête de l’eau”. “Tout le monde déteste le canal ! ” , scandaient les manifestants dans une ambiance joyeuse et familiale. Fanfares, odeurs de cantines végétariennes, enfants jouant entre les stands et marionnettes géantes ont donné à la ville des airs de carnaval militant. Les drapeaux des Soulèvements de la Terre flottaient aux côtés de ceux de syndicats, de collectifs locaux et d’Extinction Rebellion. Une table ronde au bord de l’Oise et plusieurs prises de parole ont rythmé la journée, marquée aussi par la présence de plusieurs élus écologistes et de La France Insoumise venus soutenir la mobilisation.

Alors que le tribunal de Toulouse a suspendu les travaux de l’autoroute A69, cette contestation environnementale prend de l’ampleur dans le nord de la France. Élus écologistes, Soulèvements de la Terre et collectifs locaux convergent désormais contre le projet du Canal Seine-Nord Europe (CSNE). Soutenu par le président de région Xavier Bertrand et la majorité du conseil régional, le canal Seine-Nord Europe est présenté comme “l’autoroute fluviale des Hauts-de-France”. Long de 107 kilomètres, il relierait Compiègne à Aubencheul-au-Bac. L’objectif affiché est de transférer le transport de marchandises de la route vers la voie d’eau. Mais le projet, qualifié de “chantier du siècle”, suscite une vive opposition. Ses détracteurs le jugent écocidaire, inutile et trop coûteux. Selon la dernière enquête publique, le coût serait de 8 milliards d’euros. Ils alertent aussi sur les risques pour la biodiversité, les ressources en eau et les écosystèmes locaux.

La mobilisation ne s’est réellement mise en place qu’avec le début des travaux de ce chantier à l’été 2024. Depuis, les actions s’intensifient : campagnes de sensibilisation, désobéissance civile, manifestations… Autour du principal collectif Méga Canal Non Merci, on retrouve Extinction Rebellion, les Soulèvements de la Terre, le GNSA (groupe national des arbres), ainsi que des groupes locaux comme Stop Canal UTC, animé par des étudiants compiégnois. Les élus locaux et régionaux tentent, eux, de faire entendre leurs soutiens à ces collectifs et de porter leurs messages au niveau institutionnel. Ainsi, le 21 mars, les élus écologistes et de La France Insoumise, réunis dans le groupe “Pour le climat et pour l’emploi”, ont déposé une motion au conseil régional des Hauts-de-France pour demander l’arrêt du projet, financé et soutenu par cette institution. Cette motion a été rejetée, mais ils prévoient d’en présenter une nouvelle lors de la prochaine session en juin.

“J’ai fait les 13 jours d’occupation sur l’A69. Aujourd’hui, beaucoup d’entre nous sont remontés dans les arbres contre le canal”. Ce 21 mars, devant le conseil régional des Hauts-de-France, Nanoux Minguy fait partie de la mobilisation qui veut interpeller les conseillers régionaux. Cigarette roulée à la main, sweat vert frappé du logo du GNSA, casquette noire vissée sur la tête et pantalon cargo usé, l’activiste est décontractée, mais parle fort. Ce militant fait partie du Groupe national de surveillance des arbres (GNSA), c’est un “écureuil” comme on les surnomme. Il a passé une journée perché dans les arbres le 10 mars, pour ralentir l’avancée du chantier du canal.

Nanoux Minguy lors d’une action le 21 janvier 2025 à Compiègne

Pour lui, les liens entre luttes sont évidents. “On a tous besoin les uns des autres, c’est du travail collectif”. Les collectifs apportent soutien, formations et communication”, explique-t-il. Quand la question des partis politiques arrive sur la table, il se tend un peu. Son groupe est “apolitique” , affirme-t-il, et il se méfie de toute “récupération politique”. Il admet pourtant que, même s’il ne discute pas directement avec les élus favorables à un projet alternatif au canal, “il y en a qui sont sincères”.

“C’est difficile de trouver des élus écologistes dans la région, il n’y en a pas beaucoup”, lâche un peu désabusée, Sarah, étudiante à Compiègne et militante à Stop Canal UTC. Ce constat reflète une réalité politique locale compliquée chez les verts. Ils ont un faible ancrage territorial. Au sein de la région des Hauts-de-France, il n’y a ni député, ni sénateur mais 6 conseillers régionaux Les Écologistes, dont la secrétaire générale du parti, Marine Tondelier.

Pourtant au sein même des élus verts du conseil régional, des dissensions peuvent exister autour du canal. Si la position officielle du parti est clairement contre le canal depuis 2014, cette position est portée par une motion nationale. Au niveau régional, la position peut être plus nuancée. Karima Delli, présidente du groupe “Pour le climat et pour l’emploi” au conseil régional, s’est abstenue lors du vote de la motion contre le canal, expliquant qu’elle était “pour un canal mais à haute valeur écologique”. En 2021, elle s’était déclarée favorable à cette infrastructure.

Julien Poix, conseiller régional affilié au groupe écologiste, en charge de la commission transport, a également une position individuelle différente de la majorité de son groupe. “Le projet va se faire, malheureusement ou heureusement. Plutôt que de s’y opposer frontalement, je pense qu’il faut proposer des modifications concrètes pour le rendre plus utile et moins nuisible écologiquement À ce stade, il est trop tard pour arrêter complètement le chantier, trop d’argent a déjà été engagé.” explique-t-il en qualifiant son opinion de “pragmatique”.

La position dominante de la coalition LFI / Les Écologistes au conseil régional reste celle de la conseillère régionale Katy Vuylsteker qui milite pour “un arrêt immédiat du projet.”
“C’est un projet qui n’a pas de sens, et avec cet argent, il y a tellement de choses plus importantes à faire”, résume-t-elle. Malgré le risque politique, le soutien des Écologistes aux actions non-violentes reste palpable. Katy Vuylsteker jugent ces actions “nécessaires pour éclairer nos consciences”. Tandis que selon Julien Poix, c’est “un moyen d’expression légitime qui fait partie du jeu démocratique comme un autre”.

“Ce sont surtout des élus de LFI qui nous apportent du soutien, souvent parce que des gens du collectif sont aussi dans ce parti, ça aide à créer du lien” note Sarah. La France Insoumise se positionne désormais comme un acteur majeur de l’écologie politique. Le parti concurrence ainsi le monopole historique des Écologistes. Plusieurs figures militantes l’ont rejoint comme l’ancien journaliste et antispéciste, Aymeric Caron ou Aurélie Trouvé, ancienne co-présidente d’Attac. Les insoumis ont aussi créé un département consacré à la planification écologique au sein de leur Institut La Boétie. La France Insoumise cherche à séduire un électorat et par défaut des militants sensibles à l’écologie. 

“Un certain nombre de militants que j’ai pu rencontrer, issus de groupes plus contestataires qu’on pourrait rattacher à une mouvance « anticapitaliste », comme Alternatiba, Extinction Rebellion ou les Soulèvements, se décrivent par exemple comme bien davantage proches de LFI que des verts”, relève Adrien Bidaud-Bonod. 

“La plupart entretiennent pour autant un rapport ambigu, si ce n’est conflictuel à la politique institutionnelle. Tous ne sont pas, par exemple, des électeurs assidus…”, remarque toutefois le doctorant. Aujourd’hui, beaucoup de militants écologistes préfèrent s’engager en dehors des cadres institutionnels traditionnels, comme les partis, qu’ils jugent parfois trop prudents ou trop hiérarchisés. “Ce qui m’a attirée, au-delà des valeurs, c’est le fonctionnement du mouvement : tout est horizontal, il n’y a pas de chef. Chacun peut s’engager à sa manière, selon son temps, ses compétences, son énergie.” explique Clara, militante chez Extinction Rebellion.

Quentin BENOIST

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